Yzengremer à travers les siècles…
De l’époque féodale à la Révolution
Jusqu’à la fin du IXème siècle, le Vimeu était placé sous l’autorité royale des Carolingiens. Mais au début du Xème siècle, devant l’affaiblissement du pouvoir royal, les comtes de Flandre et de Normandie installèrent leur emprise dans la région. À la hiérarchie des élites guerrières succéda une hiérarchie basée sur les droits de la terre. Le pouvoir se mesurait selon l’importance du patrimoine, des seigneuries rurales ou du nombre de vassaux. Différentes Seigneuries se répartirent le Vimeu et des châteaux furent construits sur des buttes.
À l’origine, la Seigneurie d’Yzengremer appartenait à la famille ABRAHAM. Elle fut ensuite transmise en succession par alliance en 1635 à Aymar de DAMPIERRE, Seigneur de Sainte-Agathe. Le dernier représentant de cette branche fut son arrière-petit-fils né en 1716, François-Eustache, Marquis de DAMPIERRE, Seigneur de Millancourt et d’Yzengremer et Mestre de camp de cavalerie. Il épousa en 1760 Jeanne Françoise de Calonne d’Avesne. Il mourut en 1786 à l’âge de 70 ans. La même année, l’une des ses trois filles, Marie-Rose, épousa à Yzengremer Aimé-Charles DE BIVILLE, Lieutenant au régiment de Navarre infanterie.
Mais la révolution était proche, et avec elle la fin des Seigneuries.
D’Isengermès à Yzengremer
Il semble que le nom du village soit passé par différentes écritures.
Au XIIème siècle, le village s’appelait Isengermès. Le Y fit son apparition au XIIIème siècle, et la bourgade devint Ysenguiermer, puis Ysengremer au XVème siècle.
Ce n’est qu’au XIXème siècle que le Z s’incrusta en 2sd position pour donner Yzèngremer avant de perdre définitivement son accent, ce qui donna Yzengremer, tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Yzengremer d’antan
Le patrimoine
Le Château d’Yzengremer
Le château d’Yzengremer a été édifié vers 1635, sous le règne de Louis XIII. La construction du château est attribuée à Aymar de DAMPIERRE.
Les deux étages du château d’Yzengremer sont constitués de briques et de pierres. Il est aujourd’hui composé d’un corps principal rectangulaire et d’une unique aile au sud Ouest. De magnifiques bossages en pointes de diamant (en pyramide) ornent cette aile, ainsi que l’angle de l’étage et les deux pieds-droits de la fenêtre attenante. Les soubassements sont en damiers de pierre et de silex. Dans le parc ne reste qu’un superbe pigeonnier en colombage.
Au Moyen Age se tenait sur cet emplacement une forteresse médiévale. Nul ne sait ce qu’elle devint. Il y eut ensuite un manoir.
La vaste cour était entourée de bâtiments. Mais en 1846 et 1847, une succession d’incendies modifièrent l’apparence du château, qui appartenait alors à la famille De BIVILLE. Une vingtaine de maisons et leurs dépendances furent détruites, ainsi que la basse cour.
Ce furent les années noires. Entre 1846 et 1849, les villageois connurent plusieurs feux qui modifièrent l’aspect du village.
Fort endommagé, le château d’Yzengremer fut restauré dans la seconde moitié du XIXeme siècle.
Au fil des siècles, la succession du château s’est réalisée par lignée féminine. D’où des noms de propriétaires différents suivant les périodes. Aujourd’hui, le château d’Yzengremer appartient toujours aux descendants de la famille Dampierre.
L’église Saint-Médard
Le chœur de cette église fut bâti aux XVème et XVIème siècle. Sa voûte, qui fut réparée en 1689, comporte encore des ogives et liernes caractéristiques du gothique flamboyant. Dans la travée droite du chœur se trouvent des fenêtres à deux meneaux telles qu’on les rencontre dans les églises du Moyen-Age ou de la Renaissance.
La petite histoire raconte que Médard Godquin, natif d’Yzengremer, et curé à Paris, offrit en 1548 à la paroisse d’Yzengremer un précieux reliquaire. La famille Godquin était à l’époque illustre dans la localité. Il semble qu’elle ait participé au financement de cette église. Elle fut également donatrice d’un précieux vitrail représentant plusieurs hommes d’église en prière et sur lequel était inscrit deux vers en latin signifiant :
« Dans ton église en suppliante pour dans ton mérite avoir part
La famille des Godquin cette vitre te consacre et présente. »
Aujourd’hui, ce vitrail n’existe plus mais une copie le remplace.
Au sud, la chapelle est illuminée par deux fenêtres inégales avec un cordon de feuilles de vigne.
Le clocher en ardoises porte une horloge déjà répertoriée en 1853. La cloche actuelle date de 1847. Elle a été obtenue d’une refonte de celle de 1780, qui elle même était issue des cloches offertes en 1513 par le seigneur Jacques Abraham.
De nombreux membres de la lignée DAMPIERRE furent baptisés, mariés ou inhumés dans l’église d’Yzengremer qui abritent encore les dépouilles de certains d’entre eux.
La croix du cimetière
La croix du cimetière d’Yzengremer est composée de trois pièces :
- Le chapiteau, en pierre sur lequel était sculpté un blason portant un « tau » et trois étoiles. On pouvait y lire une inscription gravée en lettres capitales romaines signifiant :
« Ici dessous et auprès repose le corps de Lazarre et Catherine AuxOeufs. Priez Dieu pour leurs âmes. Et celui Lazare décéda le 15 ocotobre 1610 et Ycelle Katherine, soeur dudit Lazare décéda le 18 juin 16.. »
La famille Auxoeufs (prononcer Azeu) était une famille de notables paroissiens du XVIIème siècle. - Le fût en grès, de forme octogonale sur une base carrée et mesurant 1m80 ;
- La croix gothique.
Cette croix est tout à fait exceptionnelle. Sur une face figure le Christ couronné d’épines. Ce dernier semble avoir été de nombreuses fois mutilé et restauré.
L’autre face dévoile une statuette posée sur un socle orné d’un macaron présentant la Vierge portant l’enfant Jésus.
Les branches de cette croix sont prismatiques, et trois hiboux sont représentés aux extrémités. Les hiboux symbolisent la nuit et la mort.
La croix et son fût datent du XVème ou XVIème siècle. Mais le chapiteau ne semble pas avoir été rajouté avant le XVIIème siècle, probablement lors d’une restauration.
A l’origine, elle était placée sur une sépulture de l’ancien cimetière qui entourait l’église. Elle fut restaurée en 1924-1925 par un sculpteur d’Abbeville, L. Voclin et transférée dans le nouveau cimetière. Une nouvelle restauration eut lieu en 2014, après que la croix ait été heurtée par un camion. La restauration fut confiée à un tailleur de pierre breton. Ce dernier a conservé un maximum de pièces d’origine. Mais certaines ont dû être resculptées.
La croix d’Yzengremer est dorénavant classée monument historique.
Le monument aux morts
Le monument aux morts d’Yzengremer est situé sur la place à proximité de l’église.
Difficile de dater sa conception d’origine. Il a été restauré par l’entreprise Carbonnier de Friville Escarbotin.
Sont inscrits sur ce monument, une douzaine de noms de personnes décédées au XIXème siècle, ainsi que 35 combattants de la guerre de 1914 – 1918 et 5 de celle de 1939-1945.
Sources : Wikipédia – Château d’Yzengremer / Châteaux de France / Geneanet.org / Bibliothèque Nationale de France / Notes de la Commune